Safari : Boubandjida Cameroun. part° 2

23/11/17

La partie 1 :  ICI

Comme vous l’avez compris, les infrastructures sont rares, mais surtout il faut y arriver.

J’avais pourtant tout organisé aux petits oignons. Le programme était simple. Prendre un avion de ligne à partir de l’aéroport de Yaoundé le matin pour un vol d’1H30 à destination de Garoua, capitale de la région du Nord. Puis à Garoua, récupérer un 4X4 avec guide et chauffeur préalablement réservé pour effectuer les 6/8 heures de route jusqu’au parc de Boubandjida. Objectif : Une arrivée en fin de journée. Un plan bien trop simple pour l’Afrique…

Nous partons donc tôt le matin, mon pote et moi de notre lieu de villégiature près du stade Omnisports pour l’aéroport de Yaoundé Nsimalen (à une bonne heure de route) afin de prendre notre vol pour Garoua.

Mais dès l’arrivée à l’aéroport, l’on sent que quelque chose ne va pas. Peu ou pas de monde, pas d’indication sur le vol, pas de personnel de la Camair-Co (compagnie nationale du Cameroun). J’aurai dû m’y attendre tout le monde au Cameroun appel cette compagnie « Air peut être ».

Finalement une charmante hôtesse d’accueil nous renseigne. Elle nous annonce que notre vol a été tout bonnement annulé la veille au soir. Ce n’est que la 3ème fois que le vol change d’horaire ou de date depuis ma prise des billets 2 mois plus tôt….Devant mon insistance elle me propose deux possibilités :

  • Soit prendre un hypothétique vol pour Garoua le lendemain au soir et ainsi perdre 2 jours de safari à Boubandjida.
  • Soit partir 3 heures plus tard pour une autre ville, celle N’Gaoundéré chef-lieu de la région de l’Adamaoua

Un peu perdu face à ce choix nous décidons finalement de partir pour N’Gaoundéré et de nous rapprocher de notre objectif, le parc de Boubandjida. Après 3 heures d’attente et de multiple tentatives infructueuses pour joindre notre guide à Garoua, nous montons anxieux dans le Boeing 767-300 au couleur de la Camair-Co pour notre destination inconnue : N’gaoundéré.

La Camair-Co n’en a, hélas, pas fini avec nous. A peine monté dans l’avion, le pilote annonce qu’avant d’atterrir à N’gaoundéré, il fera une étape à Douala, capitale économique du Cameroun, puis une autre à N’djamena, capitale du Tchad. Les 400 malheureux kilomètres entre Yaoundé et N’Gaoundéré nous prendront sept longues heures dont une coincée dans l’avion sur la piste de N’djamena sous 45° en raison « de la présence de gros volatiles sur la piste« …. épuisant.

L’explication de l’annulation de notre vol, nous l’aurons plus tard : L’aéroport de N’Gaoundéré venait de rouvrir après des années d’abandon. Pour le faire fonctionner, la Camair-Co annulait des vols pour Garoua et les remplaçait par des vols pour N’Gaoundéré. Enfin si l’aéroport avait rouvert c’est que les militaires Français utilisaient la ville comme base en direction de Bangui en RDC où les tensions à ce moment là était importantes.

en rouge le trajet prévu / en bleu le trajet effectué…

Nous atterrissons finalement à N’gaoundéré à 17 heures. Notre planning et notre programme sont à l’eau quant à notre chauffeur, notre guide et notre 4X4, ils sont à Garoua à 300 km de là.

Nous devions donc dormir à l’hôtel TRANSCAM de N’Gaoundéré et attendre notre moyen de locomotion pour le lendemain matin. Mais l’Afrique est toujours faite de surprise… Et cette fois elle est bonne.

Dans l’avion nous n’étions pas les seuls blancs, 3 autres sont présents, et ils ont fait le même choix que nous lors du vol du matin. Ce sont des chasseurs, un couple et le propriétaire d’une zone cynégétique de 80.000 hectares située entre le parc de la Bénoué et le parc de Boubandjida. Pendant les 7 heures de vol nous discuterons de la faune, du Cameroun, de la chasse, de nos vies.  finalement peu après l’atterrissage j’ose demander au propriétaire de la zone si il accepterait de nous rapprocher avec son 4X4 et peut être de nous héberger pour la nuit dans son campement.

Les chasseurs ne souhaitent généralement pas accueillir de non chasseur dans leur campement et encore moins quand ils ont des clients mais sa réponse fut un grand OUI sans ambages. Nous nous retrouvons donc, mon pote et moi, dans son super 4X4 avec un sympathique couple de clients belge dont c’est la première chasse en Afrique, direction le campement.

Nous sommes six personnes et de nombreux bagages pour le 4X4 de 5 places. Le malheureux chauffeur du propriétaire fera les 5 heures de routes sur le toit du véhicule. A chaque nid de poule nous craignons de le perdre et les nids sont gros et nombreux. C’est ainsi que nous descendons d’abord le plateau de l’Amadoua puis arrivons dans la plaine sèche de la région Nord.

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la grande route du Nord

Le soleil se couche rapidement et personne n’est rassuré.  La nuit est d’un noir épais. Il n’est pas conseillé de conduire de nuit. Les coupeurs de routes sévissent régulièrement dans le secteur. Le conducteur accélère. Nous ne voyons pas plus loin que le faisceau des phares. A plusieurs reprises nous sommes à deux doigts d’écraser des piétons qui déambulent sur la route.

Nous croisons presque par hasard notre 4X4 avec notre chauffeur et notre guide qui  descendaient sur N’Gaoundéré pour nous chercher. TOUT S’ARRANGE ! La dernière piste nous est ouverte par un porc-épic ébloui par nos phares. Nous arriverons finalement tous ensemble vers minuit au campement de chasse. Une belle table nous attend, avec du vin, des cuisses de grenouilles, et du filet d’éland de derby. Un boukarou (une case) et des lits ont été préparés à notre attention. Le bonheur.

un campement typique pour la chasse
Un campement très agréable

Autour de la table de vieux pisteurs et chasseurs français, tous ont vécu au moins une trentaine d’années en Afrique et ont chassé partout (Zambie, Namibie, AFS, Congo, Gabon, RDC…), de ce que nous comprenons, se sont des sommités dans leur domaine. Un autre client est là aussi, en tout une petite dizaine de personnes sont à table. Malgré la différence d’âge, et notre improbable présence, l’ambiance est excellente.

Nous discutons de la faune et de la chasse, bien évidement. Il en ressort 3 points importants qui m’ont été confirmés par la suite par Paul Bour.

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les antilopes du Nord avec leurs noms en Foufouldé

1)   Sans les zones de chasse, il n’y aurait plus de faune dans cette partie de l’Afrique, l’Etat n’ayant ni les moyens ni la volonté de la protéger.  En effet, chaque zone de chasse a des gardes (de 15 à 30 gardes) pour protéger leur gagne-pain. A l’inverse, il n’y a pas ou peu d’éco-gardes dans les parcs nationaux, et parfois même se sont eux qui braconnent.

2)   La faune est aujourd’hui plus abondante dans les zones de chasse amodiées que dans les parcs nationaux.

3)   La chasse au Nord Cameroun est principalement une chasse d’antilope, surtout à l’éland de Derby ; Le lion comme l’éléphant sont très peu chassés sportivement dans cette partie de l’Afrique.

L’éland de Derby est le sujet principal de la tablée, les chasseurs présents sont là uniquement pour elle. C’est l’un des trophées les plus convoités du continent. L’Eland de Derby (Taurotragus derbianus) est l’antilope la plus grosse d’Afrique (un peu plus grosse que l’éland du cap) et n’est présente qu’au Cameroun, en RDC et au Soudan (une population résiduelle existe aussi au Sénégal). Les deux sexes sont reconnaissables par leurs hautes cornes en V spiralées pouvant atteindre 130cm. Le mâle, peut mesurer 1m80 au garrot et peser près de 1 tonne. Son encolure porte un fanon particulièrement imposant pendant la période du rut. Le pelage gris beige de l’Eland de Derby est strié verticalement de fines rayures blanches. C’est une antilope craintive, et très discrète, que les chasseurs anglais nomment « ghost » (fantôme).

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pour le moment qu’un crane de Derby à photographier

Mon objectif photo pour mon safari à Boubandjida est tout trouvé.

Pas un centime ne nous sera demandé, mais nous comprenons que nous ne pouvons pas rester très longtemps, ni profiter de la zone pour quelques clichés, le prix d’un séjour étant ici très conséquent ET SURTOUT NOUS NE SOMMES PAS CHASSEURS.

 

Nous partons donc tôt le lendemain matin après un excellent petit déjeuner. Un grand merci encore à notre hôte d’un soir, qui nous a permis par sa gentillesse de découvrir une part du safari africain qui nous était inconnue et par la même occasion nous a évité une nuit à l’hotel Transcam

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Hippo se reposant dans le mayo en face du campement

la suite semaine prochaine.

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Le constat 2 « La faune est aujourd’hui plus abondante dans les zones de chasse amodiées que dans les parcs nationaux. » me rend triste. Si l’Etat n’a plus les moyens, qu’il attribue la gestion du parc à des privés (African Parks, etc.)? Car on voit clairement là que les privés gèrent mieux!

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    1. budpumba dit :

      oui, mais faut relativiser. Les zones de chasses sont mieux gérés mais pas bien gérés, la faune a fortement disparu partout au Cameroun. Il y a juste plus de faune dans les zones de chasse car rien n’est fait ou très peu en faveur des animaux dans les parcs nationaux du Cameroun

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      1. budpumba dit :

        la chasse ne peut pas être une solution pour la conservation. Il faut que le Cameroun se réveil et protège ses parcs.

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