31/03/16

L’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature),et la WWF (World Wildlife Fund) s’engagent (enfin…) pour sauver ce qui peut l’être dans le complexe transfrontalier  Yamoussa. En effet, deux éléphants ont été bagués fin février 2016 dans le parc National de Sena Oura au Tchad pour les suivre et pouvoir ainsi lutter contre le braconnage. Prochainement il en sera de même avec des éléphants dans le parc de Boubandjida au Cameroun.

Un peu d’histoire : En 2011 un accord de collaboration transfrontalier était signé entre le Tchad et le Cameroun pour la création d’un complexe entre le parc national de Boubandjida au nord Cameroun et le parc de Sena Oura au Tchad, les deux parcs formant un ensemble continu de part et d’autre de la frontière entre les deux pays.

L’ensemble doit constituer le parc bi-national Boubandjida/Sena Oura « Yamoussa » ou « BSB »géré en coopération par les deux pays. A noté, chose rare, la création du parc national de Sena-Oura  en 2008 est due à  une initiative de la population locale tchadienne qui souhaitait protéger la faune de ce secteur (73.000ha). Quant au parc de Boubandjida, ancienne réserve de chasse du sultan(Lamido) de Rey Bouba, c’est un parc national depuis l’indépendance du Cameroun en 1968.( 220.000ha).

Cet ensemble « protégé » est hélas tristement célèbre dans l’histoire faunique suite au massacre de plus de 400 éléphants en 2012 par des braconniers lourdement armés en provenance du Soudan, et cela en moins d’un mois…..

Les passionnés de la faune en avaient entendu parlé auparavant car Boubandjida est le lieu ou à été vu le dernier rhinocéros noir de l’ouest, espèce malheureusement déclarée éteinte par l’UICN depuis 2006. C’était donc le dernier lieu ou l’on pouvait croiser le Big Five sur l’ensemble de l’Afrique Francophone.

Pourtant malgré la disparition du rhinocéros, le massacre d’une grande partie des éléphants, mais aussi aussi la quasi disparition du guépard, des lycaons, de la tortue terrestre, des autruches, le parc reste encore un magnifique espace sauvage, riche en faune et en flore unique…

En effet, le parc transfrontalier « Yamoussa » est l’une des dernières zones viables pour les lions en Afrique centrale (environ 60), d’éléphants des savanes, mais aussi l’un des rares espaces ou l’on trouve l’éland de Derby (Taurotragus derbianus), la plus imposante et l’une des plus rares antilopes d’Afrique.

De plus le complexe Yamoussa forme avec les parcs avoisinants de la Bénoué, du Faro, (Cameroun) de Binder Léré (Tchad), et les zones de chasse du secteur,  un écosystème de savanes soudano-guinéennes quasi intactes et d’une beauté sans pareille.

Elle accueille encore de nombreuses espèces d’antilopes (Eland de derby, Hippotrague, Cob Defassa, bubale, damalisque, Cob de buffon, Guib harnaché, Ourebi, Redunca, Céphalophe de Grimm, Céphalophe à flanc roux,et aussi des buffles, des girafes de Kordofan, des babouins, vervets, patas, des leopards…ect…

Il est regrettable que l’UICN et le WWF s’engagent si tardivement à protéger la faune dans ce complexe unique. Néanmoins, l’on ne peut que se réjouir qu’une collaboration débute enfin  entre l’UICN, la WWF, African Parks Networks (APN), et les autorités locales, pour protéger les derniers éléphants.

A titre indicatif, et malgré l’absence de chiffres fiables, l’estimation de la population d’éléphants dans le parc de Boubandjida Sena Oura « Yamoussa » ne dépasserait pas aujourd’hui 50 individus. ils étaient plus de 600 au début des années 2000……et à deux pas se meurt le parc national de la Bénoué dans une indifférence quasi générale…

Sources plurielles dont PFBC ici  et ici

Le parc de Boubandjida est visitable via Paul Bour safari lodge : ici