Le guépard court à sa perte

27/09/16

La docteur Esther van der Meer dirige depuis 2012 l’ONG Cheetah Conservation Project Zimbabwe (CCPZ). Cette ONG vise à étudier et à protéger les derniers guépards (Acinonyx jubatus) du Zimbabwe. Chaque année parait un rapport annuel de l’organisation que je vous invite à lire ICI. En plus de celui-ci l’organisation a publié début septembre 2016 une grande enquête très complète sur l’évolution de la population des guépards au Zimbabwe au cours des 15 dernières années. ICI

Les résultats sont accablants.Ce magnifique félin, le plus rapide du monde (120km/h), est en voie de disparition au Zimbabwe. La population de guépards a diminué d’environ 85% depuis 1999. Seulement 170 guépards adultes ou adolescents ont été dénombrés, contre 1520 individus 15 ans plus tôt.

Que c’est t’il passé pour que la population diminue autant et si vite?

Les raisons sont multiples mais la principale cause selon cette enquête est la grande réforme agraire qu’à connu le pays au début des années 2000. La quasi-totalité des 1200 guépards vivant sur les terres agricoles et pastorales ont été depuis abattus. Le territoire du guépard a du même coup diminué de 61%, et l’on ne les trouve à présent que sur 13% du pays. Aujourd’hui et contrairement à 15 ans plus tôt, la quasi-totalité (80%) des guépards sont dans des parcs nationaux ou des zones protégées ou le risque de conflits hommes/faune est moindre.

L’enquête sur la population actuelle, a durée 3 ans (de 2013 à 2015) et a porté sur l’ensemble du pays. Au final, seules trois grandes zones protégées ont encore une population de guépards viable : La zone des parcs de Hwange-Matetsi-Chutes victoria à l’ouest, celle de Hurungwe-Mana Pool- Sapi au nord et enfin la zone de Malilangwe-Gonarezhou au sud.

Cette baisse massive du nombre de guépards au Zimbabwe n’est pas un cas unique. La population de guépards à déjà disparu dans de nombreux pays d’Afrique du Nord, central et de l’ouest et est en grande diminution sur le reste de son aire de répartition. Selon l’ONG « Panthera », le guépard a disparu de 77 % de son territoire original. Il ne resterait selon UICN qu’environ 6.700 guépards en Afrique dont 4 190 en Afrique australe et environ 1900 en Afrique de l’Est; Ils étaient encore 12.000 en 1999. Cette baisse est due principalement à la perte ou à la fragmentation de son habitat, aux conflits hommes/faune et enfin au commerce illicite comme animaux domestiques vers les pays du Golf. Au début du XXe siècle, la population mondiale de guépards s’élevait à 100 000 individus.

Les guépards sont inscrits sur la liste UICN comme « espèce vulnérable » et sur la liste de l’US ESA comme espèce menacée au titre de l’appendice I de la CITES.

Pour ne pas finir sur une note négative, il est à noter que cette enquête indique aussi que la population de guépards du Zimbabwe a déjà connu une forte baisse dans les années 1975 (moins de 400 individus) mais celle-ci avait réussi à rebondir grâce à une bonne gestion dans les années 1990 (1500 individus). Tout n’est donc pas perdu. Un travail long et difficile attend Esther van der Meer et l’ONG Cheetah Conservation Project Zimbabwe.

Magnifique photo de couverture par Marion Vollborn wildlife photographer ICI

Pour aider :

  •  Action For The Wild ICI
  • Cheetah Conservation Project ICI
  •  Panthera ICI

5 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Esther B. dit :

    Hé beh ça file le cafard cette nouvelle. Du point de vue biologique, les guépards ont déjà du mal à se reproduire à cause d’une longue période de consanguinité pendant l’ère glaciaire. D’après certains scientifiques le taux de consanguinité serait trop élevé pour que les guépards puissent prospérer comme les autres félins africains. Mais les humains avec la chasse, les guerres et la pollution n’aident pas à enrayer le problèmes malgré les (quelques) efforts fournis.

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    1. budpumba dit :

      En effet le guépard a connu un goulot génétique durant l’ère glacière provoquant une faible diversité génétique entre les individus. Mais les dernières études sur le sujet ont montré que cela n avait pas d’impact sur la reproduction à l’état sauvage. Beaucoup d’études sur le sujet cherchait en fait à comprendre pourquoi les guépards se reproduisaient si mal en zoo, la réponse des zoos a été « c’est génétique » … Mais pas du tout, ils ont besoin d’espace et les relations entre individus sont complexes…bref le problème c’était les zoos … Les guépards étaient encore 100.000 en 1900, personne se poserait la question de la diversité génétique si ils étaient encore aussi nombreux aujourd’hui…pauvres guépards

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      1. Esther B. dit :

        Totalement d’accord ! On essaye de trouver des raisons pour se dédouaner et ne pas culpabiliser, mais le véritable problème c’est notre présence sur leurs territoires et toutes les saloperies qu’on y amène…

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    1. budpumba dit :

      Yes nice one, by Marion Vollborn, a german photographer

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