28 avril 2016
L’information n’est pas des plus importantes, mais elle me permets de parler du parc national de Minkébé au Gabon.
14 soldats britanniques du 2ème bataillon basé en Irlande du Nord sont parti ce week end pour le parc de Minkébé afin d’aider à renforcer la lutte contre le braconnage des éléphants dans cette zone capitale pour la survie de la sous espèce des éléphants des forets (Loxodonta africana). Cette équipe formera sur place une soixantaine d’éco-gardes durant six semaines.
Ils vont former les gardes contre les embuscades, à la manipulation d’armes à feux, et au tir. Ils leurs enseigneront leurs techniques de patrouilles et de navigation, la prévention et la sécurité en zone de jungle et les règles d’engagement. Ce soutien n’est pas nouveau de la part de l’armée britannique, elle fait partie d’un plan triennal d’aide à l’agence nationale des parcs nationaux du Gabon (ANPN) débuté l’année dernière.
La formation est dispensée aux côtés d’une équipe militaire américaine déjà sur place,et en partenariat avec le gouvernement gabonais, et la fondation Charity Prince Charles Trust. Voila pour l’information, source principale ici (Charity Today.uk), mais je vais parler un peu de Minkébé, du Gabon et de la situation dramatique des éléphants des forets.
Minkébé se trouve au nord-est du Gabon, à la frontière du Cameroun. C’est un parc immense d’environ 8000ha de création récente (2002), il est le plus grand des 13 parcs nationaux du pays. C’est une zone inhabité, vierge, recouvert d’une végétation de jungle épaisse et impénétrable. Les peuples de chasseurs cueilleurs pygmées Baaka ne s’y rendent que rarement, la région étant vallonnée et marécageuse, bref c’est l’une des dernières frontières sauvages. Pendant longtemps ce secteur a été un have de paix pour les éléphants des forêts, l’on en comptait 25.000. A l’arrivée des 1er scientifiques dans les années 90, les éléphants ou les gorilles ne fuyaient pas, indifférents à la présence des hommes, en confiance.
Cela a hélas bien changé, depuis 2004, 12000 éléphants ont été braconnés dans Minkébé selon la Wildlife conservation society (WCS) principalement par des groupes mafieux en provenance de RCA et du Cameroun voisin. Pour donner une idée du drame qui se joue, l’on considère aujourd’hui qu’il reste moins de 40% de la population d’éléphants de forets en Afrique, 50% de cette population se trouvent au Gabon, et le parc national de Minkébé et la maison de la plus grande population du pays.
Le parc n’a aucune infrastructure routière ou touristique, les campements des éco-gardes ne sont accessibles que en pirogues. Il faut 2 jours de voyages à partir de la ville de Oyem pour atteindre le cœur du parc. Il est pourtant l’un des plus beaux d’Afrique. Il abrite environ 10 % de la biodiversité mondiale avec 191 espèces de mammifères et plus de 500 espèces d’oiseaux. L’on peut y voir des arbres bicentenaires de plus de 50m de haut, des éléphants dans les clairières qui parsèment le parc, des bongos, des sitatungas, des potamochères…. il existe aussi une population de gorilles et de chimpanzés ayant survécu à la terrible épidémie d’Ebola de 1995-96. Le parc est célèbre enfin pour sa dizaine inselbergs, des massifs rocheux surplombants la forets.
De nombreuses menaces pèsent sur Minkébé : les braconniers (jusqu’à 50 éléphants abattu chaque jour), les orpailleurs et les mineurs (+ 1 milliers pour le fer, l’or ou les diamants), les épidémies d’Ebola, le trafic de bois, la chasse de substance, la culture sur brûlis.
Sa taille immense, sa végétation impénétrable et son sol marécageux ne facilite pas la tache des 130 éco-gardes et gendarmes chargés de sa protection. Le Président Ali Bongo Ondimba c’est engagé à protéger les derniers éléphants du massacre avec l’aide logistique et financière de la WWF,de l’UICN et de la WCS.
Le parc fait partie du projet tri-national TRIDOM : Un ensemble comprenant 12 aires protégées de 3 pays dont les parcs du Dja (Cameroun), Odzala (Congo) et Minkébé pour un total de 147 000km², couvrant 7,5% de la forêt tropicale du Congo. Cet ensemble est le deuxième massif de forêt tropicale humide protégé du monde. Les Gouvernements du Cameroun, du Gabon et du Congo visent par le projet TRIDOM, à réduire l’impact des menaces et à mettre en place un système de gestion inter-états pour la conservation du bassin du Congo.
Le président Bongo place de grands espoirs dans le développement de l’écotourisme dans ce pays grand comme la moitié de la France et couvert à 88 % de forêts. Pour le moment les lodges et campements sont peu nombreux, seul le parc de Loango (loango Lodge ici) sur la cote et le parc d’Ivindo (Kongou Camp) au centre du pays ont des hébergements. Mais le rêve n’est peut être pas si loin ICI pour Minkébé….
Espérons que dans un avenir proche, il devienne le Masai Mara de l’Afrique de l’Ouest