Le Kenya brûle son ivoire : Les raisons

02/05/16

Le Kenya a brûlé son stock d’ivoire samedi 30 avril 2016, j’en avais déjà parlé précédemment ici. Je ne m’attarderai donc pas sur les détails, de très nombreux articles et reportages sont aussi disponibles comme par exemple ici ou ici. Pour cette fois, les médias ont correctement couvert l’événement.

Je vais par contre tâcher d’expliquer pourquoi cela est positif et utile. En effet, pour le commun des mortels, cela peut paraître révoltant de brûler autant d’ivoire, se vendant si cher, dans des pays si pauvre. Les raisons sont multiples, voila les plus importantes :

UNE MÉDIATISATION: La quantité d’ivoire brûlé a permis une médiatisation importante du terrible drame que connait l’éléphant en Afrique comme en Asie. Le président Kenyan et celui du Gabon, ont présider le lancement du bûché, ils sont présidents de deux pays étant des hotspots du braconnage (voir ici).

UN MESSAGE CLAIR : C’est un message pour les kényans, l’ivoire n’a pas de valeur sauf attaché à un éléphant vivant. C’est un message pour les autres pays ayant des éléphants sur leur territoire : Le Kenya luttera contre toute reprise de la commercialisation de l’ivoire, les pays gardant de l’ivoire en espérant l’ouverture du commerce en sont pour leurs frais. C’est enfin un message pour les pays d’Asie importateurs d’ivoire, principalement la Chine; ils doivent stopper le commerce illégal mais aussi légal d’ivoire.

UN OBJECTIF : Par ce geste, le Kenya se donne un objectif, bien évidement protéger les éléphants, mais surtout stopper le commerce de l’ivoire tenu par des mafias asiatiques. Son blanchiment via le commerce légal est aussi sur le banc des accusés.

UNE VALEUR : l’éléphant mort est sans valeur, c’est le message le plus clair de ces 11 bûchés d’ivoire représentant au moins 8000 éléphants. L’éléphant est un animal sauvage, ce n’est pas une vache, il ne peut être élevé ou laissé vivant pour un gain ultérieur une fois mis à mort.

UN SYMBOLE : la masse d’ivoire, 16.000 défenses incinérées, les flammes pendant plusieurs jours, à la vue des images l’on comprend facilement le drame en cour. L’éléphant disparaît de l’Afrique à un rythme alarmant, seul ce type opération permet une prise de conscience collective.

UN DOGME :  l’argent était le cœur de toutes opérations de protection en Afrique pendant longtemps. Pour sauver les éléphants donnez de l’argent, pour sauver les rhinocéros, il nous faut de l’argent…Le Kenya exprime clairement que l’argent ne résoudra pas le problème du braconnage, c’est un changement de mentalité qui est nécessaire : de la part des consommateurs, des africains et des gouvernements.

DE L’AUTORITÉ  : Par ce geste le Kenya montre de l’autorité face aux gangs mafieux qui sévissent aux frontière du pays. C’est face à des groupes armés très bien équipée qui mettent en péril l’intégrité du pays que lutte le Kenya.  Le Kenya se présente aussi comme leader de la protection de la faune sauvage avec la conférence à Meru qui se tient en ce moment et la Conférence de la CITES CoP17 qui ce tiendra à Johannesburg en AFS à partir du 24 septembre (vous pouvez jeter un œil ici).

LA MORALE : C’est enfin un acte moral, les éléphants braconnés ne peuvent devenir un produit de commerce. Enfin les générations futures en Afrique ne comprendraient pas que les gouvernements actuels n’aient rien fait pour stopper ce commerce de l’horreur, et n’aient pas tout fait pour sauver la faune sauvage d’Afrique, son trésor national.

DU PRAGMATISME : les réserves de défenses devaient être gardées et protégées 24H/24, les gardiens sont plus utiles aux cotés des éléphants vivants.

De nombreuses autres raisons peuvent être données mais la plus simple est que rien n’est plus beau qu’un éléphant vivant. Bravo au Kenya. La France a, par la voix de la ministre de l’écologie Ségolène Royal, annoncée l’interdiction totale en France du commerce d’ivoire.

photo de : REUTER

 

 

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Bonjour Bud Pumba,
    Je n’avais pas encore lu ton article lorsque j’ai écrit mon édito sur l’autorisation récente du commerce de corne de rhinocéros en Afrique du Sud, dans lequel je mentionnais aussi le courage du Kenya d’avoir brûlé les défenses d’éléphant saisies. Il faut effectivement rendre hommage au gouvernement kenyan pour l’exemple qu’il montre.
    J’espère que les autres États de la région finiront par s’en inspirer…

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    1. budpumba dit :

      Salut, le cas du rhinocéros est encore plus complexe que celui de l’éléphant. Je suis très partagé face à la situation actuelle, et je ne suis pas le seul. Aucune solution pour stopper le braconnage n’a été trouvé pour le moment. Pour bien comprendre la situation, je te laisse lire ceci: ce sont les arguments des pros commerce : https://gallery.mailchimp.com/53fd4063a27826fad730657ac/files/Swazi_Conservation_Reality_rhinos_01.pdf

      Cela a été écrit par Ted Reilly, l’un des sauveurs des rhinos blancs du Sud…. comme tu peux le voir, le problème est très complexe….et avoir un avis tranché sur la question est à l’heure actuelle juste impossible. Ce qui est sur, c’est que l’interdiction du commerce de corne depuis 38 ans n’a pas eu le résultat souhaité, 3 rhinocéros décèdent chaque jours sous les balles des braconniers.

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