La multitude, cruel fléau !

20/12/16

En ce moment, au Sénégal, se joue un drame dans la zone rizicole de Grand-Digue Tellel. Le mois dernier ce même fléau s’abattait en Tanzanie et cet été ce fut en Ouganda. Chaque année cette tragédie se répète un peu partout en Afrique. Le coupable : un tout petit passereau, le Quelea quelea ou travailleur à bec rouge. ( red-billed quelea)

Depuis des milliers d’années cet oiseau ressemblant à un moineau ravage les champs des agriculteurs à travers tout le continent Africain. Il n’est pourtant pas grand, moins de 13 centimètres, pèse moins de 20 grammes et ne mange que 10 grammes de graines par jours.

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Quelea quelea par Lip Kee en Tanzanie

Mais, le Quelea vit en colonies denses et immenses pouvant atteindre 2 millions d’individus. Ses colonies énormes sont une menace constante pour les champs de sorgho, de blé, d’orge, de millet et de riz. Une colonie géante peut engloutir près de 20 tonnes de graines par jours, ne laissant rien dans les champs après leurs passages.

Le Quelea est un oiseau nomade, se déplaçant rapidement et parfois sur de longues distances faisant fi des frontières humaines. Ils vit partout en Afrique exception faite de la forêt équatoriale. Son territoire s’étend ainsi sur 10 millions de km² et sur tous les types de paysages et de végétations. Ce fléau s’abat en Mauritanie comme au Zimbabwe, dans le désert du Niger, comme dans la brousse du Malawi ou dans les savanes de Tanzanie…  Nul ne sait quand et ou une nuée va apparaître, tout ravager et repartir.

Une autre particularité du Qelea est qu’il se reproduit vite et en très grand nombre. Une femelle pond 3 fois par an, 2 à 4 œufs, qu’elle couve 12 jours. Les jeunes deviennent indépendants au bout de 2 semaines et sont en âge de se reproduire à leur tour au bout d’un an. Il est sans doute l’oiseau dont la population est la plus importante  au monde : Une étude donne une estimation basse de 1,5 milliards d’individus (Fry et Keith 2004). Sa population a été multipliée par 10 depuis les années 70 en raison du développement de l’agriculture, et de l’augmentation de la production céréalière, lui donnant un accès aisé à la nourriture.

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photo magnifique par TOPP ANTERO d’un éléphant pris dans une nuée de Quelea quelea à un point d’eau au Kenya.

Cette multitude en fait l’oiseau le plus destructeur de la planète; Les pertes agricoles attribuables au Quelea sont estimées à plus de 50 millions de dollars par an. En Afrique il est surnommé le  «Criquet à plume», la  «peste volante », ou le « mange-mil ». Pour protéger leurs cultures, les agriculteurs usent de tous les moyens possibles : pièges, effarouchement, utilisation de lance flammes, dynamitage des nids, empoisonnement, pose de filets, pulvérisations chimiques, bombes incendiaires…

Malgré plusieurs centaines d’opérations d’extermination menées partout en Afrique éliminant des millions de Queleas chaque année, la population globale ne baisse pas.

Alors quand approche un essaim géant de Quelea obscurcissant le ciel, les paysans font comme ils ont toujours fait. Ils épouvantent les oiseaux en faisant un maximum de chahut, de l’aube au crépuscule, et cela chaque jour, en attendant que leurs graines viennent enfin à germer…

 

  • Quelea quelea quelea: du Senegal au Tchad
  • Quelea quelea aethiopica: du Soudan à la Tanzanie
  • Quelea quelea lathamii: En Afrique du Sud

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