La girafe passe au rouge

16/12/16

La girafe vient officiellement de faire son entrée dans la catégorie «Vulnérable» de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Réuni à Cancùn, au Mexique, à l’occasion de la 13e session de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB COP13) qui se termine demain, l’UICN s’est inquiété de la disparition de cette espèce emblématique du continent africain.

L’espèce, répandue en Afrique australe et orientale, avec des sous-populations plus petites et isolées en Afrique occidentale et centrale, passe de la catégorie Préoccupation mineure à Vulnérable, car les populations ont subi un déclin dramatique atteignant 36 à 40%, passant d’environ 163 000 girafes en 1985, à 97 000 in 2015.

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La croissance de la population humaine a des effets négatifs sur de nombreuses sous-populations de girafes. La chasse illégale, la destruction des habitats, l’expansion de l’agriculture et des exploitations minières, les conflits croissants entre l’homme et la faune sauvage, ainsi que les troubles civils, poussent l’espèce vers une possible extinction.

Je n’avais pas, à l’origine, prévu de faire un article sur ce sujet, l’information ayant fait le tour des médias nationaux et internationaux. Mais à la lecture des très nombreux articles publiés, il était nécessaire de corriger quelques erreurs, de rétablir quelques vérités et de détailler la situation.

Alors oui, l’espèce girafe (Giraffa camelopardalis) voit sa population considérablement baisser depuis 30 ans. Mais le tableau est un peu plus complexe et contrasté. En premier lieu, non, la girafe ne va pas disparaître dans les 10 ans comme j’ai pu le lire dans un article de seconde zone. La population est encore de près de 100.000 individus, la plupart dans des parcs ou des réserves ou règne une relative sécurité. La baisse de la population de girafe est aujourd’hui bien plus faible qu’elle ne l’était auparavant.

Bien sur, le nombre de girafes à presque été divisé par deux depuis 30 ans, et elle a besoin de protection, mais cette baisse n’est pas non plus uniforme sur l’ensemble du continent Africain. De plus, comme je vous l’avais raconté dans un article précédent (ICI), article que je vous invite à lire, la girafe, comprend 4 espèces distinctes et non pas une seule comme l’indique le communiqué de UICN.

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Pour y voir plus clair, je vais vous faire un rapide tableau des 4 espèces de girafes, des 9 sous espèces et des dynamiques des populations actuelles.

La girafe du Nord (Giraffa camelopardalis) comprend quatre sous-espèces :

  • La girafe de Nubie (G. c. camelopardis) au Soudan et Ethiopie. Une population comprise entre 250 et 650 individus, c’est la sous espèces la plus en danger d’extinction. Son territoire s’étendait à l’origine de l’Egypte au Nord du Kenya. Sa population a diminué de 97%.
  • La girafe de l’Ouest, dite du Niger (G. c. peralta) au Niger environ 450 individus, un très faible nombre mais en augmentation constante depuis 25 ans (elles n’étaient que 50 en 1991) un seul grand troupeau dans la réserve de Dosso au Niger. A l’origine son territoire s’étendait du Sénégal au lac Tchad.
  • La girafe du Kordofan (G. c. antiquorum) environ 2000 individus principalement au Cameroun et au Tchad. Sa population a considérablement diminué et diminue encore, aujourd’hui. Deux parcs conservent la majeure partie de la population restante, le parc de Waza au Cameroun et celui de Zakouma au Tchad. A l’origine son territoire s’étendait du Nigeria à la république démocratique du Congo en passant par la Centrafrique. En RDC il en resterait seulement 38 dans le parc de la Garamba et en Centrafrique moins de 150 individus.
  • La Girafe de Rothschild (G. c. rothschildi) eviron 1500 individus. Son territoire s’étend du Kenya à l’Ouganda. En danger d’extinction en raison de la forte réduction de son habitat et des risques d’hybridation. Mais trois parcs important voient leur population augmenter : le parc de Nakuru et celui de Ruma au Kenya et surtout le parc de Murchison Falls en Ouganda qui contient à lui seul 80% de la population DE Rothschild.

La girafe du Sud (Giraffa giraffa) comprend deux sous espèces :

  • La girafe de l’Angola (G. g. angolensis) au Botswana et Namibie comprenant environ 13.000 individus. La population de cette sous espèce est stable.
  • La girafe d’Afrique du Sud ou du Cap (G. g. giraffa) avec 31.500 individus. Cette sous espèce connaît une forte augmentation. Elle est passée de 12000 à 31000 individus en moins de 10 ans. Elle vit au nord de l’Afrique du Sud, dans le sud du Botswana, au sud du Zimbabwe, et au sud-ouest du Mozambique.

La girafe Masaï (Giraffa tippelskirchi) au Kenya et en Tanzanie avec 32000 individus; En forte baisse ! la population a été divisée par deux en 30 ans en raison de la réduction de son territoire. Elle a presque disparu hors des zones protégées. Néanmoins sa population est encore importante dans les parcs et réserves des deux pays.

  • La girafe de thornicroft, dite de Rhodesie (G. c. thornicrofti) est une variante de la girafe Masaï, environ 550 individus, la population est exclusivement située dans la vallée de Luangwa en Zambie.

La girafe réticulée (Girafa reticulata) au Kenya, en Éthiopie et Somalie avec 8700 individus. La plus belle des girafes avec son pelage au quadrillage unique. Sa population a connu une forte baisse passant de 35000 individus en 1997 à 8700 aujourd’hui. A présent sa population est stable et correctement protégée au Kenya, bénéficiant du tourisme notamment dans le parc de Samburu.

UICN : ICI

COP 13 : ICI

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