28/12/16
Un rapide petit article sur le sujet qui fait la Une de tous les médias en ce moment : la disparition rapide des guépards en Afrique.
J’avais déjà écris sur le guépard ICI, il y a quelques semaines lors de la parution d’une étude faite par Esther van der Meer sur l’effondrement de la population de ce félin au Zimbabwe. Mais la tenue de l’International Cheetah Day début du mois (le 4 dec.) et la parution d’une nouvelle étude m’impose de m’attarder un peu plus sur le triste sort du guépard africain.
Cette nouvelle étude menée par Sarah Durant, membre de la WCS (Wildlife Conservation Society) et de la ZSL (Société zoologique de Londres) porte cette fois sur l’évolution de la population de guépards sauvages (Acinonyx jubatus) sur l’ensemble du continent africain. L’étude a été publiée dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences.
Sarah Durant est une spécialiste reconnue des guépards ainsi que des lycaons en Tanzanie, elle est notamment chef de projet pour le RWCP (Rangewide Conservation Program for Cheetah and African Wild Dog).
Les résultats de cette étude sont très pessimistes. L’espèce ne compte plus qu’environ 7.100 individus répartis sur une surface qui ne représente que 9% de son aire de répartition originelle. Le guépard est menacé de disparition en raison de la réduction de son habitat, du braconnage, et de son commerce comme animal de compagnie.
L’étude montre principalement qu’en l’absence de grands espaces protégés, le guépard disparaît rapidement. Hélas, les trois quarts des guépards sauvages vivent encore aujourd’hui hors de ses réserves naturelles protégées, ce qui accroît leur vulnérabilité et accélère leur disparition. Ce fut le cas au Zimbabwe, comme je vous l’avais expliqué ICI, ou la population est passée en 15 ans de 1200 à seulement 170 individus.
L’étude donne plusieurs pistes pour sauver l’espèce. Tout d’abord, elle appelle à classer rapidement l’espèce en catégorie « En danger » dans la liste de rouge de l’UICN (International Union for Conservation of Nature), plutôt que dans la catégorie « Vulnérable » comme c’est le cas actuellement. En second lieu, elle insiste sur le développement et la protection des grands parcs et réserves, seuls à même de garantir la survie des guépards sur le long terme. Pour cela, l’étude pousse à accroître les politiques de développement des parcs transfrontaliers et des couloirs à faune, permettant de réunir des populations de guépards parfois isolées les unes des autres. L’étude salue les décisions prisent lors de la COP 17 (dont j’avais parlé ICI) pour la protection des guépards contre le commerce des animaux de compagnie dans les pays du Golf. Enfin, elle appelle à coordonner les différents plans et stratégies de conservation, à favoriser l’éducation des populations qui considèrent encore le guépard comme un nuisible, et à poursuivre l’étude de l’espèce et de son environnement… Un vaste programme.
Quelques chiffres : Près de la moitié des guépards sauvages vivent dans 6 pays : Namibie, Botswana, Zambie, Zimbabwe, Afrique du Sud et Mozambique (sous-espece Acinonyx jubatus jubatus). La population de guépards dans le Sahara (Acinonyx jubatus hecki) est inférieure à 200 individus principalement en Algérie. La population de guépards en Afrique de l’Ouest est très faible et inconnue, probablement moins de 50 individus, uniquement dans le complexe transfrontalier Pendjari, Arly, W Niger. La population de guépards en Afrique Centrale (Acinonyx jubatus soemmerringi) se limite à quelques individus entre le Tchad et la Centrafrique. La population de guépards en Afrique de l’Est (Acinonyx jubatus raineyi) est d’environ 2000 individus principalement au Kenya et en Tanzanie. Enfin le guépard asiatique (Acinonyx jubatus venaticus) n’est représenté que par 48 individus en Iran dans le Khorassan. Le guépard a probablement disparu de très nombreux pays dont: le Cameroun, le Nigeria, l’Egypte, le Mali, le Ghana, le Soudan et de l’ensemble de l’Afrique du Nord à l’exception de l’Algérie.
Cette étude doit être considérée comme un point de départ dans la protection du guépard. Le moment de l’action est venu, dans le cas contraire, le guépard, l’animal terrestre le plus rapide du monde disparaîtra.
La population mondiale de guépards sauvages était d’environ 100.000 individus au début du XXe siècle.
Photo de Une : « On a game drive at the Wilderness Safaris concession in Hwange National Park » by Michael Ortner
Pour aider et s’informer :
Bonjour Bud Pumba,
On ne se lasse pas de lire tes articles, et d’apprendre.
Je trouve incroyable le fait que le guépard ne soit pas déjà depuis longtemps sur la liste des espèces en danger, compte tenu du petit nombre d’individus restants. Il suffit de d’aller en Afrique pour voir à quel point c’est rare d’en croiser…
Il y a également l’association, française (cela mérite d’être précisé), Cheetah forever, qui oeuvre à la sauvegarde des guépards de Masaï Mara, et que l’on peut rajouter à ta liste.
https://www.cheetahforever.org/
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Merci pour ton commentaire, ça me fais vraiment plaisir !! je connais cette association et son super travail ! Je n’en ai pas encore parlé car j’ai un problème avec Masai Mara… voila 1 an et demi que je fais ce blog et ZERO article sur le Mara, alors que c’est l’espace sauvage le plus beau, le plus connu et le plus étudié…. RIDICULE !! Mon problème est que l’écosystème Mara est tellement immense, et cumule tellement de superlatif qu’il y a beaucoup trop de choses à dire. J’ai débuté en brouillon un article de fond qui servira de base de lecture me permettant par la suite de raconter plus facilement l’actualité régulière de cet écosystème (dans le genre de celui sur le Great Limpopo). Mais pour le moment je n’en suis pas satisfait, trop long, trop lourd, trop d’informations, bref illisible selon moi car trop loin de la vulgarisation que je souhaite pour mon blog. Ton commentaire me pousse à faire les chose bien, je te promets, je le termine bientôt ! Je te tease même le titre de l’article « Les clôtures Maasai du Grand Mara ». A+
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