CITES CoP 17 : au chevet de la faune menacée

06/10/16

A Johannesburg en Afrique du Sud, la dix-septième session de la Conférence des Parties portant sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction ( Cop 17 CITES) vient de se clôturer le 4 octobre 2016 avec 24 heures d’avance. Les décisions affectant des centaines d’espèces animales et végétales menacées ont été prises lors de ce sommet qui a réuni 182 nations, 3500 délégués et observateurs.

Au dernier coup de marteau donné par Nkoana-Mashabane, la ministre des relations internationales sud-africaine,  la majorité des représentants des organisations de défense des animaux avaient des grands sourires de soulagement et de satisfaction. Dans son ensemble la CoP17 a été une réussite et de nombreuses espèces ont obtenu une protection renforcée.

Depuis 1973 la CITES protège et réglemente le commerce de plus de 5600 espèces animales et de 30.000 espèces végétales. Pour beaucoup d’observateurs cette cession a été un tournant dans la protection des espèces en danger avec une réelle prise de conscience des enjeux par l’ensemble des intervenants.

Les animaux sauvages du contient africain ont bien souvent été au cœur du travail des délégués, pour y voir plus clair, je vous propose un rapide topo sur les espèces phares :

Le pangolin

La menace: (j’en ai parlé ICILes pangolins sont les mammifères sauvages les plus braconnés au monde. Plus d’un million de ce fourmilier à écaille ont été tués en seulement dix ans pour répondre à la demande locale ou asiatique.D’ici dix ans tous les pangolins pourraient être rayés de la carte.

La décision: Une interdiction complète du commerce de l’ensemble des huit espèces de pangolins a été voté. 114 pays ont voté en faveur de l’interdiction, l’ Indonésie a voté contre, tandis que cinq pays, dont la Chine, se sont abstenus. Les Pangolins sont maintenant inscrits à la CITES sous l’annexe 1 qui est le plus haut niveau de protection en droit international.C’est un immense succès et une rare bonne nouvelle pour l’une des espèces les plus menacées au monde.

L’éléphant

La menace: (j’en ai parlé ICIla demande pour l’ivoire a explosé et le braconnage des éléphants en Afrique avec. L’Espèce connait une terrible baisse de sa population sur presque tout le contient. Le débat fut très important et parfois violent. Plusieurs visions de la conservation se sont fait face et finalement le résultat est en deçà des espérances de chacun.

La décision: Les délégués ont voté contre la proposition de la Namibie et du Zimbabwe d’ouvrir le commerce de l’ivoire dans leur pays. Néanmoins lors d’un autre vote, l’ensemble des éléphants n’ont pas obtenu un classement en Annexe 1 et cela à cause de la décision de l’union européenne d’y faire barrage. A noter, la prise de position forte du Botswana, qui a poussé pour la protection totale des éléphants en s’opposant à ses voisins. Malgré tout la situation reste la même après le vote qu’auparavant, l’ensemble des éléphant sont en annexe 1 à l’exception des populations d’Afrique australe en annexe 2. L’Afrique du Sud, le Bostwana, la Namibie et le Zimbabwe peuvent donc, avec des autorisations spéciales, vendre leurs stocks d’ivoire, comme ce fut le cas en 1999 et 2008. Ce débat sur le commerce de l’ivoire est donc hélas encore ouvert. En attendant le sang des éléphants coule toujours.

Le guépard

La menace: (j’en ai parlé ICILe morcellement de son habitat, la perte de territoire, et la forte demande comme animal de compagnie dans les pays du golf  ont fait disparaître l’espèce de 77% de son aire de répartition et réduit sa population de plus de 90%. Le guépard est pourtant protégé par la CITES depuis 1975 en annexe 1.

La décision: Le guépard va bénéficier d’une série de mesures pour le protéger plus efficacement contre son commerce dans les pays du Golf.

Le lion

La menace: (j’en ai parlé ICIPour le lion, c’est le même constat, braconnage et perte d’habitat ont réduit la population considérablement sur le contient africain. Mais une nouvelle menace touche les derniers lions d’Afrique depuis peu: le commerce d’os de lions pour remplacer les parties de tigres utilisées dans la pharmacopée asiatique.

La décision: Plusieurs pays, en particulier le Gabon et le Mali, ont fait pression pour une interdiction totale du commerce international de lions ou des morceaux de lions, mais le vote a échoué. Au lieu de cela, un compromis a été adopté, il protège les lions sauvages mais pas les lions d’élevage. Les os, les dents et les griffes d’animaux élevés en captivité peuvent donc encore être vendus. La chasse sportive peut aussi continuer et les trophées être exportés légalement. Néanmoins, l’Afrique du Sud fera désormais face à des quotas pour les exportations d’os de lions vers l’Asie.  Avec l’éléphant, le lion est le grand perdant de cette COP 17.

Le rhinocéros

La menace:(j’en ai parlé ICILe braconnage des rhinocéros en Afrique australe connait une flambée sans précédent risquant à moyen terme de faire disparaître l’espèce. Le débat entre les partisans de l’ouverture du commerce et ceux s’y opposant farouchement fut houleux. Jusqu’à maintenant la solution pour protéger enfin l’espèce n’a toujours pas été trouvée. 

la décisionSoutenant que l’interdiction mondiale actuelle est inefficace, le Swaziland a demandé à la CITES de lui permettre de vendre ses stocks de cornes de rhinocéros blancs, afin de lever des fonds pour protéger l’espèce. Les délégués ont voté contre à une grande majorité. (à l’exception notable de l’Afrique du Sud).  Le rhinocéros blanc est répertorié comme quasi menacé par l’UICN et le rhinocéros noir est classé en danger critique. Ce vote est un  soulagement pour nombreux écologistes qui pensent que le commerce stimulerait la demande de corne en Asie et permettrait le « blanchiment » des cornes en provenance du braconnage.

Le perroquet gris

La menace:(j’en ai parlé ICI): 2,1 à 3,2 millions de perroquets gris d’Afrique ont été capturés pour le commerce d’animal de compagnie de 1975 à 2013, faisant disparaître l’espèce de plusieurs régions et diminuant la population globale de 90%.

la décision:Les délégués de la Cites ont voté l’interdiction de tout commerce international du perroquet gris par 95 voix contre 35. Le perroquet gris est classé en annexe 1. C’est avec le pangolin, l’animal ayant bénéficié de la plus haute protection durant la cession. C’est une grande victoire et une réelle chance de sauver l’espèce.

Le zèbre 

La menace :(j’en ai un peu parlé ICI) Les délégués ont salué la politique de conservation de la sous-espèce de zèbres des montagnes du Cap (Afrique du Sud). En raison du braconnage et de la chasse,sa population n’était plus que d’une centaine d’individus dans les années 90 en faisant l’une des espèces les plus menacées au monde. Aujourd’hui, grâce à un plan de sauvegarde bien mené, ils sont plus de 5000 et la population augmente de 9% par an. La sous-espèce de zèbre des plaines a vu ,quant à elle, sa population diminuer de 24 % durant les quatorze dernières années en raison du braconnage et de la destruction de son territoire.

la décision : le zèbre des montagnes du Cap est retiré de l’annexe 1 et passe en annexe 2 comprenant les espèces pas nécessairement menacées d’extinction mais dont le commerce doit être contrôlé. Le zèbre des plaines,lui, fait partie de ces espèces nouvellement inscrites sur la liste rouge de l’UICN en passant de préoccupation mineure à  quasi menacée. Le zèbre de Grevy lui est toujours en danger.  Au passage,  le céphalophe à bande dorsale, le cephalophe a ventre blanc et le céphalophe à dos jaune,  de petites antilopes des forêts d’Afrique sont également passées  de préoccupation mineure à celui de quasi menacées.

Le gorille

décision (j’en ai parlé ICI) : Auparavant en danger, le gorille de l’Est, plus grand primate du monde, est aujourd’hui considéré  en danger critique . Ce changement de situation est dû à un déclin de population de plus de 70 % en vingt ans en raison d’un braconnage intensif et de la destruction de son habitat. On estime aujourd’hui sa population à moins de 5 000 individus. Toutes les espèces de gorilles étaient déjà inscrites sous l’annexe I de la CITES;

La prochaine réunion de la Cites, COP18, aura lieu en 2019 au Sri Lanka.

Plus d’informations : LA CITES COP 17: ICI

Annexe I : les espèces directement menacées d’extinction et dont le commerce est interdit, sauf cas exceptionnels.

Annexe II : les espèces dont l’exploitation pourrait à terme menacer la survie, et dont le commerce est réglementé.

Annexe III : les espèces protégées par un pays qui a demandé l’assistance des autres parties à la CITES pour en contrôler le commerce. Plusieurs espèces, dont le gorille de l’Est, le pangolin, le perroquet gris du Gabon et le macaque de Barbarie ont été introduites dans l’annexe I. Malgré les demandes déposées par certaines parties, les éléphants et les lions africains restent en revanche dans l’annexe II.

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. perdebytjie dit :

    When will we see the day that no animal trafficking is allowed?Money is always at the bottom of all mankind’s horrible exploitation of animals!

    J’aime

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