10/10/16
Ce que l’on appelle « Le great Limpopo Transfrontier park » est une grande zone de conservation transfrontalière de 35.000 km² entre l’Afrique du Sud, le Mozambique, et le Zimbabwe comprenant plusieurs parcs nationaux contigus, des réserves privées, des corridors écologiques et des zones de chasse. Le projet a permis de supprimer toutes les clôtures afin de permettre aux animaux sauvages de se déplacer librement sur un immense territoire pouvant atteindre 100.000 km² et couvrant différents écosystèmes appelé great Limpopo Transfrontier conservation area. C’est la Fondation Peace Parks qui est à l’initiative du projet depuis son lancement en 2002 et la signature du protocole entre les chefs des trois états.
Après l’immense ensemble « KAZA »(Kavango Zambezi Conservation Area) dont j’avais déjà parlé ICI, la « great Limpopo Transfrontier conservation area » est la plus grande zone de conservation transfrontalière d’Afrique. Elle comprend principalement le parc national Kruger en Afrique du Sud, le parc national de Gonarezhou et la Savé Conservancy au Zimbabwe et enfin au Mozambique les parcs nationaux de Limpopo, Zinave et Banhine.
La great Limpopo Transfrontier conservation area est un beau projet avec des objectifs élevés : La protection des paysages et sa faune par une gestion concertée entre les différents pays et intervenants, une reconnexion entre les parcs nationaux grâce à la réouverture des couloirs de migrations, et un développement économique et social pour les communautés locales grâce au tourisme . Le but ultime de la Fondation Peace Parks étant de promouvoir la paix et la stabilité dans la région.
Pour la faune, « La great Limpopo Transfrontier conservation area » devrait donc être synonyme de paix et de paradis. De nombreuses espèces, en particulier le guépard, le lycaon, l’éléphant, ont besoin d’espace important pour s’épanouir et se multiplier. Hélas, la partie centrale, au Mozambique, connaît une terrible explosion du braconnage mettant en péril l’ensemble de la faune et la viabilité du projet tout entier.
Tout espoir n’est pourtant pas perdu pour la great Limpopo Transfrontier conservation area. Des ONGs tentent par tous les moyens de sauver le projet en se focalisant sur cette partie Mozambicaine si menacée. C’est le cas dans les parcs méconnus de Banhine et Zinave.
Pour le moment, tous les animaux sont relâchés dans un sanctuaire de 5 934 hectares clôturé au cœur du parc de Zinave. L’enclos sera progressivement étendu avec l’arrivée des nouveaux animaux et dans le cadre du réaménagementdu parc. Le projet de la Fondation Peace Parks prévoit aussi la création d’infrastructures pour le tourisme et le développement communautaire. Le coût total du repeuplement du parc national de Zinave sera d’environ dix millions d’euros.
Dans le parc national de Bahine, célèbre pour ses autruches, l’ONG African Wildlife Fondation (AWF), mène un politique moins tape à l’œil mais tout aussi importante pour la réhabilitation des 7000 km² du parc. Bien que la faune soit rare par rapport au Kruger, le parc de Banhine comprend encore un petit nombre de l’ensemble des espèces qui faisait sa gloire 50 ans plus tôt, à la triste exception du rhinocéros. Ainsi l’on trouve encore quelques guépards, des lions, des lycaons et même de rares éléphants. L’African Wildlife Fondation a depuis 2004 construit un centre de recherche ayant permis de dénombrer la faune et de mettre en place des patrouilles pour limiter le braconnage. Mais il faudra encore beaucoup de temps et surtout d’argent pour que le parc de Banhine retrouve sa splendeur d’antan .
Mais pour la « great Limpopo Transfrontier conservation area » il reste un gros point noir : le parc national du Limpopo situé à la frontière des 3 pays, coté Mozambique. Il est le lien indispensable entre les différentes zones protégées. Hélas, il est surtout la porte d’accès privilégiée des braconniers à l’ensemble des parcs.
le parc de Limpopo connait de longue date un braconnage intensif ayant déjà fait disparaître les 300 rhinocéros que comptait ce parc de plus de 10.000km². Les éléphants ont connu le même sort, il n’en resterait que 1400…à comparer avec les 17000 éléphants du Kruger voisin. Quant aux lions, il en resterait environ 70, l’on apprend hier l’empoisonnement de deux d’entre eux ICI. Là aussi, la Fondation Peace Parks se bat chaque jour pour sauver ce qu’il reste de faune.
Pire, la suppression de la clôture à la frontière Sud du parc de Limpopo qui avait pour but de permettre aux animaux de retrouver leurs routes migratoires s’est transformée en libre accès au parc national Kruger en Afrique du Sud pour les braconniers Mozambicains . Rien que cette année, ils ont déjà abattu plus de 700 rhinocéros et une trentaine d’éléphants.
L’importance du braconnage au Mozambique pose aussi des problèmes au Zimbabwe. Les éléphants du parc Gonarezhou, libres à présent de reprendre leur ancienne route migratoire suite à la suppression des clôtures, sont braconnés dès qu’ils passent la frontière vers les parcs de Banhine et Zinave au Mozambique.
Déjà des voix s’élèvent coté Sud Africain pour demander la reconstruction de la barrière qui séparait autrefois le parc national Kruger du parc national de Limpopo, appelant ainsi à la fin du magnifique projet transfrontalier du « Great Limpopo ».
PLUS D’INFOS / SOURCES ET COMMENT AIDER:
- FONDATION PEACE PARKS ICI
- AFRICAN WILDLIFE FONDATION ICI
- GREAT LIMPOPO TRANSFRONTIER ICI
- Machampane Wilderness Camp (Limpopo national park) ICI
- GONAREZHOU CONSERVATION TRUST ICI (Frankfurt Zoological Society)