11/04/16
Le grand recensement de la population d’éléphants sur le continent Africain effectué par l’ONG Great Elephant Census (GEC) c’est conclu en février 2016. Les résultats encore partiels sont intéressants, inattendus et déprimants.
Cette grande initiative, la première depuis les années 70′, est financée à hauteur de 7 millions de dollars par milliardaire et philanthrope Paul Allen ( co-fondateur de Microsoft, 45ème fortune mondiale). Depuis 2014 une équipe comprenant le célèbre écologiste Mike Chase, coordinateur de l’opération de recensement, a survolé 460.000 kilomètres sur 20 pays africains, afin de compter de manière fiable plus de 90% des éléphants des savanes (Loxodonta africana africana). Les éléphants des forêts (Laxodonta cyclotis) ne sont pas visibles depuis un avion.
Jusqu’à présent, les différentes études avaient prouvé que la grande majorité des défenses d’éléphants confisquées sur le marché noir provenaient de deux vastes régions du continent. L’une à l’ouest, dans la région du bassin du Congo ou les éléphants des forêts subissent un braconnage massif et l’autre à l’Est dans la région Nord Tanzanie/ Sud Mozambique ou l’abattage des éléphants des savanes et tout aussi terrifiant. Ses deux « hotspot » (point chaud) du braconnage étaient considérés comme les cimetières de la grande majorité des 30.000 éléphants tués chaque année.
Le Great Elephant Census confirme le Hotspot de l’Est. L’étude a observé 43 000 éléphants en Tanzanie soit une baisse de la population de 63% en cinq ans (109 000 en 2011). La chute est particulièrement importante dans la réserve de Selous et dans le parc national de Ruaha. De l’autre côté de la frontière ,au Mozambique, le constat est le même, avec une baisse de 50% de la population d’éléphants lors des 5 dernières années. Le nombre de pachydermes est passé de 20.000 à 10.000 individus dans le pays; Le parc national de Niassa, au nord, est le plus touché.
Mais l’étude publiée le 3 mars 2016 montre qu’un troisième « Hotspot » est en train de se développer. Celui-ci se trouve au Nord de l’immense zone du delta de l’Okavango et du Zambèze connue sous le nom de Kavango Zambezi Transfrontier Conservation Area ou KAZA TFCA.
KAZA (520 000 km², environ la taille de la France) est le dernier grand bastion des éléphants des savanes en Afrique, avec plus de 250.000 individus. Elle est à cheval sur l’Angola, la Zambie, la Namibie, le Botswana et le Zimbabwe. Elle comprend 36 parcs nationaux et réserves, dont les magnifiques et célèbres parcs nationaux de Chobe, de Lower Zambezi, des chutes Victoria, de Morémi ou de Hwange…
Mais aussi le nettement moins connu parc de Sioma Ngwezi. Il est situé dans la région de Kwando en Zambie et n’avait pas, jusqu’à présent, attiré l’attention des médias, des touristes ou des protecteurs de la nature.
Cette région de 5000 km², est aujourd’hui la pire zone de braconnage des éléphants de savanes sur l’ensemble du continent Africain. Selon Mike Chase, 95% des éléphants du parc de Sioma Ngwezi ont disparu sous les balles des braconniers. Ils opèrent là-bas en toute impunité car il n’y a pas d’écotourisme, aucun chercheur, et très peu d’initiatives anti-braconnage contrairement aux d’autres parcs faisant partie de l’ensemble KAZA.
KAZA est sous la direction de la Peace Park Fondation, une organisation public-privée chargée de gérer les parcs transfrontaliers d’Afrique Australe et financé par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Elle est souvent citée comme une référence dans le domaine de la protection de la nature et de la faune. Mais à présent, KAZA et la Peace Park Fondation, ont moins besoin de financement que d’une véritable force multinationale pour arrêter le massacre perpétré à Sioma Ngwezi.