24/01/2017
Suite à la décision prise lors de la récente Conférence des Parties de la CITES (dont j’avais parlé ICI) permettant aux éleveurs d’Afrique du Sud de continuer à commercialiser des ossements de lions d’élevage, une réunion a été organisée par le département des affaires environnementales d’Afrique du Sud, pour fixer la quantité autorisée.
A cette réunion ont assisté les représentants de l’industrie d’élevage de lions en captivité, des chasseurs, des commerçants d’os et des défenseurs du lion. l’Institut national de la biodiversité, suite à la réunion a décidé d’un quota d’exportation de 800 squelettes de lions chaque année…Cette décision n’est pas encore définitive, l’institut ayant ouvert une consultation publique se clôturant le 2 février 2016.
Le commerce d’os de lions en Afrique du Sud est presque entièrement réalisé avec le Laos et le Vietnam. Les os sont utilisés dans la pharmacopée traditionnelle en remplacement des os de tigres, ou pour la production de « vin d’os » considéré comme un produit de luxe en Asie.
Ce quota est inquiétant à bien des égards. En premier lieu, il faut noter que ce commerce est très récent et en plein boom. Avant 2008, il n’y avait pas d’exportation d’os de lions, mais depuis, la quantité exportée n’a pas cessé d’augmenter suite à l’interdiction du commerce d’os de tigres en Asie. Entre 2010 et 2014 plus de 1555 kg d’os de lions, représentant 2 886 os individuels et 3 018 squelettes entiers ont été exportées au Laos et au Vietnam.
En second lieu, il est à noter que la grande majorité des os sont fournis jusqu’à maintenant par les fermes d’élevage de lions pratiquant la « chasse en boîte » (canned hunting). Mais celle-ci est en régression chaque année, de nombreux pays, dont la France, ayant décidé ou annoncé l’interdiction des importations de trophées de lions dans leurs pays. Cette baisse de l’offre et cette augmentation de la demande risque à terme de provoquer une hausse du braconnage des lions sauvages et aussi, possiblement, l’apparition d’élevages de lions ayant pour but unique la commercialisation morbide d’os.
Les 20 dernières années, l’Afrique a connue une baisse de sa population de lions supérieure à 80% (j’en ai parlé ICI). Aujourd’hui, en Afrique du Sud, les lions en captivité sont plus nombreux (plus de 6000) que les lions sauvages (environ 2000). 800 lions d’élevage sont abattus chaque année par des chasseurs étrangers du monde entier. La chasse en boite est considérée par une grande majorité de chasseurs comme une pratique non éthique, de nombreux chasseurs se sont désolidarisés de ce commerce.
Il existe environs 160 fermes en Afrique du Sud qui pratiquent cette activité. Les lions d’élevage n’ont plus rien de sauvage. Les lionceaux sont retirés de leurs mères dès leurs naissances, pour permettre aux femelles de se reproduire plus vite, ils sont ensuite nourris aux biberons, puis élevés en enclos. Lorsque le lion est adulte, sa crinière suffisamment grande et sombre, il est sorti de sa cage pour être placé dans une vaste zone fermée, où il va passer quelques jours avant de tomber sous les balles d’un chasseur. Le tarif approche les 30.000 € par animal abattu. Il n’aura jamais connu la liberté.
Il est grand temps que l’Afrique du Sud décide d’arrêter l’élevage de lions ou la chasse sportive de lions d’élevage. Il en va de même en Asie, il est urgent que le Vietnam et le Laos interdisent le commerce d’espèces menacées, et particulièrement celui d’os de lions.
Sources et + d’infos :
- Blood Lions ICI (terrible documentaire sur l’élevage des lions, à voir)
- Humane Society International ICI
- Four Paws ICI
- CACH (Campaign Against Canned Hunting)
- Born free fondation ICI
- The London Economic :ICI
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