Les clôtures Maasaï du Grand Mara

12/09/17

Masaï Mara, deux mots qui évoquent immédiatement la faune sauvage africaine et les safaris. Ces deux mots touchent à l’imaginaire de chacun et nous rappellent immédiatement un documentaire de France 5, un reportage de la BBC, le dessin animé du Roi Lion ou le film Out of Africa.

L’on ferme les yeux et Maasaï  Mara se dessine. Les vastes plaines herbeuses, le valeureux guerrier Maasaï  vêtu de rouge, les gnous en file indienne, un guépard guettant du haut d’une termitière, un lion avachi sous un acacia….

Masaï Mara, j’y suis allé deux fois, j’y retournerai encore. Cette réserve est hors norme, sa beauté est sans limite, sa faune extraordinaire. Assister à un crossing des gnous est l’un des spectacles les plus impressionnants que peut offrir la nature sur terre. Masaï Mara, m’a fait tomber amoureux de l’Afrique. Ce blog lui doit beaucoup.

masai mara bud mumba
souvenir souvenir…

Masaï Mara est la réserve la plus étudiée d’Afrique. Elle est aussi la réserve la plus célèbre et la plus fréquentée du Kenya. Malgré cela (ou peut être à cause de cela) Masaï Mara est une réserve très complexe à comprendre et à appréhender. J’ai moi même bien du mal à écrire ces lignes, à savoir par quoi commencer tant cette réserve est riche, et tant les sentiments qu’elle provoque sont forts.

J’aurais pu faire un blog rien que sur cette réserve tant la masse d’informations est importante. Alors ne m’en voulez pas, mais cet article sera très loin d’être exhaustif. Il sera surtout ici question de géographie, me permettant ainsi de localiser les faits lors des prochaines news en provenance du pays Maasaï.

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Si vous tapez « Masai Mara » sur Google Maps, vous vous retrouverez face à une petite tache verte ridicule. Oubliez cela, le Grand Mara (Greater Mara) est bien plus vaste et ses frontières sont bien difficiles à délimiter.

Masaï Mara c’est tout d’abord une réserve nationale de 1 510 km² non clôturée crée en 1961 et située au Sud-Ouest du Kenya. Elle n’est pas classée « parc national »,  les Maasai pouvant toujours y faire paître leurs troupeaux. Elle n’est donc pas gérée par le KWS (Kenya Wildlife Service) comme l’ensemble des parcs nationaux du pays mais par le conseil du comté de Narok.

En 1994, un nouveau comté est créé au Kenya couvrant la partie Ouest de la Réserve : le comté de Trans-Mara.  Pour gérer sa partie de la réserve, nommé Mara triangle (510 km² soit 1/3 de Masaï Mara), ce nouveau comté a donné la gestion à une ONG : The Mara Conservancy.

Ainsi, deux organismes gèrent actuellement la réserve de Masaï Mara : la partie située sur la rive Ouest de la rivière Mara (Mara Triangle) est gérée par l’ONG The Mara Conservancy et la partie située sur la rive Est est gérée par le Conseil du Comté de Narok.

Mais Masaï Mara ne s’arrête pas à la réserve classée. Plus de 70% des animaux vivent à l’extérieur de ses frontières. Pour protéger cette faune, Masaï Mara est entourée d’une dizaine de zones de conservations communautaires doublant ainsi la surface dédiée à la faune sauvage. Les plus célèbres sont : Mara North Conservancy, Ol Kinyei Conservancy, Olare Orok Conservancy, Olare Motorogi Conservancy, Mara Naboisho Conservancy … D’autres sont en cours de constitution.

le grand mara

Les zones de conservations communautaires sont de création récente, la première au Kenya ne datant que de 2005. Une zone de conservation est un regroupement de ranch ou de parcelles privées Massai réunis (les clôtures sont supprimées) et loués à une organisation touristique qui l’exploite en contrepartie d’un loyer. Le nombre de lodges comme de chambres sont limités (5/6 lodges de 12 lits maximum) permettant des safaris plus exclusifs avec des activités non autorisés dans la réserve proprement dite: safari à pied, hors pistes ou safaris de nuit par exemple. Les Maasai gardent aussi sur ces zones un droit de pâturage.

Enfin les zones de conservations communautaires sont elles-mêmes entourées par les terres communautaires comme Siana où la présence et les activités humaines sont bien plus importantes mais où la faune est encore prospère. Des campements et des lodges sont aussi implantés dans ces zones. Les safaris dans ces zones sont généralement plus abordables, mais la faune est moins présente.

masai mara

 Le Grand Mara (great Mara) atteint ici sa taille maximale de 6685 km².

Mais son écosystème (Mara-Serengeti), lui, se poursuit au Sud, en Tanzanie avec : le parc national du Serengeti de 14 763 km², la zone de conservation du Ngorongoro de 8300 km² ainsi que les zones de chasses, et réserves privées (Grumeti, Loliondo, Naswa, Korongo) les entourant. Tout cumulé la surface de l’écosystème Mara-Serengeti approche la surface de la Belgique !

Serengeti-Mara

Si Masai Mara et son écosystème sont célèbres c’est pour la grande migration annuelle des gnous. Je ne m’attarderai pas sur ce point que tout le monde connaît grâce aux nombreux documentaires abordant le sujet. Pour faire très bref : Ce que l’on appelle la Grande Migration (The Great Migration) est le déplacement annuel d’environ 1,3 millions de gnous bleus (Connochaetes taurinus), 200.000 zèbres et 100.000 antilopes entre les plaines à graminées de la région de Ngorongoro en Tanzanie à la savane boisée de Masaï Mara au Kenya. (je résume…)

Il existe une seconde migration de gnous beaucoup moins célèbre à Masaï Mara  : la migration de la plaine de la Loita. Moins importante, elle ne compte que 200.000 gnous migrants entre la plaine de la Loita au Nord Est de Masaï Mara jusqu’à la partie Nord de la réserve à travers les zones de conservations de Naibosho, Ol Kinyei et Olare Orok.

Masaï Mara est donc très vaste, comprend une faune importante, elle est le théâtre de deux migrations, elle est très étudiée, et de nombreux touristes s’y rendent chaque année. L’on pourrait croire que tout va bien. Mais une étude récente parue dans Nature constate avec effroi que de nouvelles frontières se dessinent dans le Mara mettant en péril ce vaste écosystème : se sont les clôtures Maasai.

Depuis toujours les Maasai ont vécu en harmonie avec la faune sauvage dans le grand Mara. Depuis toujours, des clôtures d’épineux étaient installées pour protéger le bétail des carnivores affamés. Mais depuis quelques années le phénomène a évolué. Là où de petites parcelles étaient clôturées avec des branches d’épineux, se sont à présent de vastes enclos de files électriques qui sont installés. Depuis 2014,  leur nombre a explosé sur les terres communautaires et même dans certaines zones de conservation. Le maillage est parfois si important qu’il empêche le passage de la faune.

masai mara clotures

Pour le moment, ces clôtures n’impactent pas la grande migration. Mais celle de la plaine de la Loita voit elle son accès à Masaï Mara se réduire chaque année, risquant à terme de faire disparaître l’une des dernières migrations de mammifères en Afrique. (comme celle des sprinboks dans le désert de Karoo en Afrique du Sud).

Les raisons de cette explosion du nombre de clôtures dans le Mara sont nombreuses : La fin du modèle de vie pastoraliste, l’explosion démographique, l’augmentation du prix des têtes de bétail, les revendications territoriales, l’augmentation des conflits pour les pâturages, la baisse des revenus touristiques, la sécheresse….

Des solutions existent, les conservancy (zones de conservations) en sont une. Encore faut il que les organismes hôteliers et les touristes soient au rendez-vous. il faut aussi que les réglementations soient respectées et que les revenus soient correctement répartis. Les Maasai ont la clef pour la sauvegarde du Grand Mara, à eux de ne pas fermer la réserve à double tour.

Plus d’informations :

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Pour un bon séjour à Masaï Mara :

Quand y aller  : entre juillet et octobre pour observer la migration des gnous.

Comment y aller : en avion de Mombasa, le trajet est très/trop long en voiture. De Nairobi en voiture 5/6H de route.

Température : attention il peut faire TRES froid !

Combien de temps y rester : le plus longtemps possible, avec un minimum de 4 nuits.

Où loger : le choix dépendra de votre budget évidement. les hébergements (près de 200 !!) sont plus chers dans les concervancy que dans la réserve et les lodges de la réserve sont plus chers que les hébergement sur les terres communautaires. 3 conseils : mixer lodge et campement en tente, mixer concervancy ou terres communautaires et la réserve elle même, être le plus proche possible de la fourche de la rivière Talek avec la rivière Mara. Tout le monde vous parlera de Little Governors camp, mythique mais très cher…

Où voir la faune : Partout, pas d’inquiétude, le Mara connait la plus grande densité animale du Kenya, l’on peut faire de super safaris sur les terres communautaires. Mais les secteurs les plus chauds sont : le long de la rivière Mara évidement, les marais de Musiara dans le Mara Triangle, Eluai Plain et le secteur de Mara Bridge/Sand River près de la frontière Tanzanienne. Pour les conservancy je conseillerai Mara North conservancy, et Olare Orok conservancy.

Que faire :  Un vol en montgolfière (600 dollars ! ouch…) un moment unique. Faire un safari de nuit en conservancy. Faire une ballade à pied accompagné par des Maasaï en conservancy . Prendre un whisky au coin du feu. voir un crossing…

Ce que vous ne verrez pas : des rhinocéros noirs, extrêmement rares et craintifs, ils seraient moins d’une trentaine…. Des lycaons, aucune meute n’est fixée dans le Mara, quelques rares individus ont été observés dans le triangle Mara et dans Mara North Conservancy.

Prix : en lodge ou campement entre 100€ (sur les terres communautaires) jusqu’à 3000€ la nuit (en conservancy) dans le Mahali Mzuri lodge de Sir Richard Branson ou dans le hors norme Angama Lodge des Fitzgerald. 

BUD PUMBA

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Salut Bud,
    J’ai maintenant toutes les informations utiles pour le jour où je programmerai un voyage au Kenya !
    J’imagine que cet article n’a pas été simple à écrire. On se demande comment un tel espace faunique peut être géré correctement (pour les animaux). Le découpage semblant prendre surtout en considération les besoins des hommes. Il y aura forcément une limite au bon fonctionnement de ce patchwork… qui a l’air de se profiler déjà, si j’ai bien compris.

    J’aime

    1. budpumba dit :

      selon moi ce patchwork est probablement l’avenir pour la faune en Afrique. Les hommes sont là et de plus en plus nombreux, il est nécessaire qu’ils trouvent une place sur leurs terres et un intérêt à protéger leur faune. L’avenir c’est : Un parc avec une protection total entourée de conservancy communautaires (avec un accès restreint), entourées elles même de terres communautaires (avec un accès autorisé), entourées de zones tampons (agricole non constructible) ou cynégétique (chasse) et cela jusqu’à un autre parc et ainsi de suite…permettant à la faune de se déplacer (sans clôtures). Le principal problème (après le braconnage) étant actuellement le manque de liaisons entre les différentes zones protégées empêchant les migrations conjoncturelles (sécheresse par ex) et le brassage génétique de la faune. Comme tu le soulèves, La difficulté est effectivement la gestion coordonnée d’ensembles aussi importants et le respect des règles dans chacune des zones. Masai Mara n’est pas pour le moment une réussite, ni un exemple. Selon certains experts la faune aurait diminué de 70% en 33 ans dans le Mara (chiffre à pondérer j’en parlerai une autre fois). Laissons un peu de temps, les conservancy n’ont que 10 ans. J’y crois, comme tu le sais je garde espoir. Je suis un éternel optimiste dans un monde toujours plus sombre.

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