Safari : Zinave au Mozambique

2/11/17

J’ai le plaisir de vous proposer aujourd’hui un retour d’expérience d’un couple de lecteurs de ce blog qui se sont aventurés au Mozambique dans l’un des parcs les plus méconnu d’Afrique : le parc national de Zinave dont je vous avais parlé ICI. Ils ont souhaité faire profiter les lecteurs d’AFSA de leurs aventures et je les remercie grandement pour cela. J’espère que cette collaboration se poursuivra et que d’autres suivront. En route pour un safari à Zinave…

Qui nous sommes – un couple de français amoureux de la faune sauvage africaine

Lecteurs du blog AFSA, amoureux de la faune sauvage africaine, nous avons un goût particulier pour l’Afrique Australe, moins connue du monde francophone que l’Afrique de l’Ouest. Depuis quelques années nous avons eu l’occasion de découvrir notamment le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, le Botswana, la Namibie.

Il s’y passe des choses extraordinaires, et nous pensons que de nombreuses actions communes pourraient être réalisées entre l’Afrique francophone et l’Afrique anglophone.

En août 2017, nous avons effectué un voyage en pays lusophone, explorant en 4×4 une partie du Mozambique, en passant par l’Afrique du Sud et le Swaziland.

Le Zinave… un parc mythique en cours de réhabilitation

Nous avons eu la chance de pouvoir pénétrer dans le parc national du Zinave, au sud du Mozambique, l’un des endroits les plus reculés d’Afrique Australe. Voici le récit de notre périple.

Un projet fou pour oublier une histoire mouvementée

Haut lieu de safaris et de chasse jusque dans les années 1970[1], cette réserve naturelle, bordée par le fleuve Savé, a été la victime collatérale de la guerre civile qui a suivi l’indépendance du Mozambique.

La faune sauvage qui peuplait ces 400 000 hectares de bush, a fini par être totalement éradiquée, à l’exception des hippopotames du lac Zinave, des crocodiles du fleuve Savé et des oiseaux, en partie endémiques.

Toutefois, dans le cadre du projet de parc transfrontalier du Grand Limpopo, un extraordinaire programme de réhabilitation du Zinave a été lancé, dont le point de départ a été la signature, il y a 5 ans, d’un contrat entre l’État du Mozambique et la Peace Parks Foundation, une ONG sud-africaine qui œuvre également plus au nord au parc du Gorongosa, et plus au sud dans la réserve spéciale de Maputo.

Entrer dans le parc, un défi de baroudeur

Nous avons tout d’abord cherché à entrer dans le parc par la route historique, qui longe le fleuve Savé depuis Massangena à l’ouest, et était référencée sur notre carte et sur le GPS. Malheureusement, cette route goudronnée est devenue route en graviers, puis piste, puis… Après quelques kilomètres, la piste avait tout simplement disparu. Nous avons donc fait marche arrière, et avons contourné en deux jours le parc par le sud, avant d’en rejoindre l’entrée principale à Maculuve.

cul de sac Zinave 7.JPGquand il n’y a plus de piste et qu’il faut faire demi-tour

A partir de là, une bonne piste de 40km traverse le parc du sud au nord, jusqu’au fleuve. Elle permet de rejoindre l’administration centrale, installée aux abords d’un sanctuaire clôturé de 6000ha. Cette réserve enchâssée dans le parc accueille l’un des projets de réintroduction de faune sauvage les plus ambitieux du siècle. L’objectif, dans un futur proche, est d’agrandir cette zone protégée à 18000ha – nous sommes passés le long de l’immense clôture en cours de construction – puis, à terme, de rendre à la vie sauvage les 400000ha du parc tout entier. Ce, sans compter les 1000000ha de la zone située sur la rive nord du fleuve, qui pourraient eux aussi accueillir une réserve.

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panneau indiquant l’entrée du parc du Zinave après 2 jours de recherche
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Entrée dans le parc – 1 voiture de touristes par semaine…

La répartition des tâches entre le gouvernement et les personnels de l’ONG semble bien fonctionner. D’un côté, l’administration mozambicaine construit des routes, des sanitaires, des bâtiments pour accueillir le public, des camps pour loger les rangers, forme ces derniers et négocie avec les communautés habitant le parc leur relocalisation dans les communes voisines. De l’autre, l’équipe de la Peace Parks Foundation gère le sanctuaire, construit les barrières, creuse les pistes, et organise l’arrivée de nouveaux animaux en grand nombre.

Charles et Lumpy, les petits derniers d’une vague de migration exceptionnelle

Lorsque nous sommes arrivés le soir du 25 août 2017, deux nouvelles recrues nous avaient précédés le matin même : Charles et Lumpy, deux éléphants mâles en provenance de la Dinokeng Game Reserve en Afrique du Sud.

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le camion ayant convoyé Charles et Lumpy – 46 heures de périple à haut risque

Charles et Lumpy sont venus rejoindre les 5 femelles déjà installées depuis 1 an. Après 46 heures d’un périple à travers tout le pays, dans un camion spécial affrété par la Elephant Rhino & People Foundation (ERP), ils commençaient à explorer leur nouveau lieu de résidence… et ses alentours ! À peine sorti du camion, Charles, effrayé par ce dépaysement, a foncé tout droit, détruit la barrière électrifiée et traversé le fleuve à la nage. Quand nous sommes arrivés, il était en train d’explorer la rive nord, essayant sans doute de trouver ses marques après ce déroutant voyage. L’équipe de transport, manifestement aguerrie, ne s’en inquiétait pas : un éléphant revient toujours sur ses pas, et le collier GPS de Charlie devait bientôt les rassurer sur le retour de l’éléphant prodigue…

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Un éléphant est passé par ici…
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balade à pied dans le sanctuaire

Charles et Lumpy devaient être rejoints en septembre par Tiny Tim et Hot Stuff, ainsi qu’à terme, par une cinquantaine d’autres éléphants.

Le sanctuaire compte déjà plusieurs groupes de girafes, zèbres, buffles, gnous, impalas, steinbocks, springbocks… mais la végétation est dense : difficile de tous les apercevoir ! En arrivant sur la piste d’entrée du parc, nous avons été témoin du sauvetage par le directeur de l’administration d’une jeune gazelle qui venait d’être saisie par un aigle royal. Le but n’était pas d’empêcher les rapaces de se nourrir, mais plutôt de permettre à la population de springbocks de continuer à croître le temps que les différentes espèces s’auto-régulent.

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le soleil se couche sur le fleuve Savé
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l’aigle qui voulait manger une gazelle

Il est trop tôt encore pour parler de réintroduire les lions, léopards, et autres félins. Il faut attendre que le garde-manger se remplisse.

Un environnement sauvage d’exception

L’idée que ces paysages magiques puissent accueillir à nouveau tous les animaux de la savane, réchauffe le cœur. Le lac Zinave, peuplé d’hippopotames et d’innombrables oiseaux, est un magnifique exemple de la richesse exceptionnelle de cet écosystème. Il est situé à quelques encablures de l’administration centrale et sera intégré dans le sanctuaire étendu.

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le lac Zinave au coucher du soleil – à la recherche des hippopotames

Pour sortir du parc, nous avons emprunté une piste vers l’est, au milieu du bush, tout juste ouverte par l’équipe de la Peace Parks Foundation. Des paysages sauvages sublimes se succédaient, et nous avons fait halte au bord d’un charmant petit lac habité par des cohortes d’échassiers sauvages. Une pause inoubliable en forme d’au revoir pour un parc qui nous aura entr’ouvert ses mystères et ses charmes.

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au bord d’un lac à l’est du Zinave

L’avenir : une réserve haut de gamme

L’objectif touristique et environnemental est simple : créer, à quelques heures de route de la côte, un parc de qualité exceptionnelle pour proposer aux touristes une expérience « bush to beach » (de la savane à la plage) inégalable. Cet objectif, partagé par toutes les parties prenantes (ONGs, gouvernement), a de bonnes chances d’aboutir si la situation politique reste stable, si la corruption ne vient pas empoisonner le financement, si le plan de relocalisation des populations locales aboutit, et enfin si les exploitants privés construisent des hébergements touristiques durables, qui prennent en compte les risques d’inondations majeures.

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la « bush-to-beach experience » – les dunes de Dovela

À toutes ces conditions, le périple hors des sentiers battus que nous avons eu le bonheur de réaliser, pourra devenir une nouvelle route touristique haut de gamme, respectueuse de la nature et porteuse de développement durable pour ce pays qui en a tant besoin.

Tous nos vœux de réussite à ce projet magnifique ! Et rendez-vous très vite sur place pour en constater les progrès.

Récit et photos par C&O 

Remerciements :

Merci à Pud Pumba de nous accueillir sur son blog ; à l’équipe de la Peace Parks Foundation : Bernard, qui a guidé nos pas jusqu’au Zinave et Ray, Jan et Trevor qui nous ont raconté leurs aventures autour d’un braï inoubliable ; à l’équipe de l’Administration du parc, en particulier Antonio Bacar son directeur et notre ami Sarmento, pour leur accueil et leurs explications ; à l’équipe de la Elephant, Rhino & People Foundation, cheville ouvrière du déplacement d’animaux en cours, dont l’énergie et la passion resteront un exemple pour nous.

[1] cette video montrant une partie de chasse à l’arc de Jim Dougherty, premier mari de Marylin Monroe, dans le Zinave il y a presque cinquante ans, en témoigne.

Encore merci à vous deux pour ce récit et ces informations sur ce parc méconnu. souhaitons qu’il retrouve sa splendeur d’antan dans les années à venir. BUD PUMBA

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