07/07/16
Vous n’en n’avez sans doute jamais entendu parlé, pourtant l’histoire de la réserve de Chinko en République Centrafricaine (RCA) mérite d’être connue.
Tout commence très récemment. En 2005 un jeune biologiste suisse de 19 ans, Thierry Aebischer rencontre lors d’une mission au Costa Rica un jeune informaticien autrichien fan d’écologie Raffael Hickisch. Tous deux s’interrogent sur la faune et la flore pouvant exister dans une vaste zone de la forets Centrafricaine, le bassin Chinko-Mbali.
Rares sont les régions inexplorées sur une carte du monde, Chinko, faisait à l’époque partie de celles-ci. L’on parle d’un espace vierge immense, 70.000 km², soit deux fois la taille de la Belgique. Si aucune étude porte sur ce secteur c’est que Chinko cumule les difficultés. Elle est située au cœur de la jungle équatoriale, inhabitée, sans accès routier, vierge de toute infrastructure d’accueil, au cœur d’un pays en guerre civile, et bordée par des pays gangrenés par les milices paramilitaires et les gangs de braconniers (Soudan;RDC). Les deux jeunes larrons décident néanmoins coûte que coûte de s’y rendre pour l’étudier, et cela malgré l’absence de financement ou de soutien. Cela prendra 4 ans pour réunir la somme nécessaire et organiser le voyage sans l’aide de personne. Enfin presque…Car c’est la qu’intervient un troisième jeune homme : un suédois de 28 ans, Erick Mararv. Ce fils de missionnaire a toujours vécu en RCA et dirige depuis 6 ans la compagnie CAWA HUNT SAFARI, qui amodie plusieurs zones de chasse sportive dans le bassin Chinko. Il possède un campement, et connait donc une partie de la région et sa faune. Les trois hommes se rencontrent. Erik souhaitant connaitre la valeur écologique de Chinko accepte de les recevoir en RCA et de les aider dans l’étude des espèces présentes. David Simpson, un employé d’Erick Mararv, agé 23 ans, pilote et guide de chasse, les accueille quelques mois plus tard sur place.
C’est ainsi qu’à partir de 2012, Thierry Aebischer et Raffel Hickisch réalise une étude du bassin Chinko. La zone semble prometteuse : la végétation est une mosaïque unique de grandes savanes, de galeries forestières, de clairières et de jungles tropicales. Quant à la faune, les récits de chasse d’Erick Mararv et de David Simpson laissent rêveur. 100 pièges photographiques sont installés, 200.000 photos sont prisent. C’est la stupéfaction : les résultats sont extraordinaire du point de vue zoologique. (15300 clichés disponibles ici)
Les photographies montrent la présence de la quasi totalité des espèces de savane de la région dont l’éland de Derby, l’éléphant des savanes, l’hippopotame, le léopard, et le lion. Mais aussi la quasi totalité des espèces de forêt dont le bongo, le buffle et l’éléphant des forets. Ils découvrent sur la zone les trois espèces de porcins sauvages du contient : l’hylochère, le potamochère et le phacochère, mais aussi 10 espèces de singes dont une population jusqu’alors inconnue de 300 chimpanzés. Plus incroyable encore, les photos révèlent une population viable de lycaons alors que l’espèce est considérée comme éteinte en RCA comme dans les pays avoisinants. Enfin, les photos permettent la redécouverte de la mangouste Pousargue (ou mangouste de Dybowski : Dologale dybowskii) connue uniquement par de vieux spécimens naturalisés. Le bassin Chinko, fait unique, réuni deux écosystèmes : il comprend près de 80 espèces de mammifères, 21 prédateurs ( dont les très rares chats dorés), 23 espèces d’antilopes ainsi que 400 espèces d’oiseaux.
quelques photos sympas ICI
Les quatre hommes décident immédiatement de tout faire pour protéger la zone. »Le projet Chinko » est lancé. Une Réserve de biosphère de 17600 km² est crée au sud du bassin malgré la guerre civile qui fait rage. Elle se divise en 3 sous zones : la centrale sans activité humaine, une zone l’entourant pour la chasse sportive et la dernière servant de zone tampon. La chasse fait partie intégrante du projet car elle est la seule source de financement possible en cette période instable.
Rapidement les ONG vont s’intéresser au « Chinko Project » et à la protection de cette espace extraordinaire. Dès 2013 l’excellente ONG African Parks Networks (AP) prend la gestion de la réserve grâce à un partenariat public-privé avec la RCA pour une durée de 50 ans. Le financement est à présent la, la chasse est stoppé, des gardes forestiers sont embauchés, une base de vie est construite.
L’arrivée d’African Parks est un soulagement car les défis sont énormes.En premiers lieu, protéger les derniers éléphants des braconniers d’ivoire soudanais. Il faut aussi défendre la région face aux incursions régulières de la LRA (Armée de résistance du Seigneur) de Joseph Koni. Et réduire la pression faite sur la végétation par les milliers de bœufs des éleveurs nomades M’bororo se déplaçant dans la région.
Les épreuves ont été multiples : découverte d’un charnier de la LRA, destruction des infrastructures par des villageois, accrochages avec des braconniers, injuste séjour en prison pour Erick et David, maladies tropicales (ici)…. ect. Mais aujourd’hui « Le Chinko project » avance sur le bon chemin. Le projet soutient les communautés locales, protège l’écosystème, maintient la valeur écologique de la zone et mène des recherches, fournissant ainsi la clé d’un avenir durable pour cet écosystème.
David Simpson est toujours sur place et gère le parc Chinko pour African Parks, Raffael Hickisch travail pour les services de la faune du Gabon, Erik Mararv a arrêté la chasse sportive et est devenu le gestionnaire du parc de la Garamba en RDC pour African Parks (gravement blessé récemment par des braconniers j’en parlais ici). Quant à Thierry Aebischer, il termine sa thèse de biologie (qui porte sur la faune de Chinko). Sans sa folle volonté rien de cela n’aurait été possible.
Actualisation tragique nouvelle en provenance de Chinko au 25 janvier 2017
FAIRE UN DON ET ONG PRÉSENTES SUR PLACE :
Super projet, super initiative ! Heureusement qu’il y a encore des rêveurs et des idées folles ! Et le sentiment qu’ils devaient avoir quand ils ont vu les photos pour la première fois !
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Oh que oui ! C’un projet un peu fou loin de tout. Pour info, toi qui aimes les becs et les plumes, l’étude actuelle porte sur les oiseaux du parc, le nombre d’espèces répertoriés est déjà passé de 280 à 400 et ce n’est pas fini !! un hotspot pour les ornithologues. J’en reparlerai quand l’étude sera publiée.
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Face à l’évolution continue de science et technologie dans le monde il faut penser à l’avenir de nos forets qui abritent de nombreuses bio diversités que nous devrions gérer durablement alors pensons à la conservation et la gestion durable de nos ressources naturelle belle idée
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Je suis le chef Cantonnement Forestier de Bangassou je totalise un an et demi dans ma zone, suis dans le désire d’être en contact permanent avec vous pour les éventuels. J’attends de vous une bonne collaboration.Merci.
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