22/08/17
Me voilà de retour à la maison après mon séjour au Kenya. Je vous raconterai prochainement mes aventures. En attendant, il est temps de reprendre le cours de l’actualité de la faune Africaine.
Le 20 août l’UWA (Uganda Wildlife Authority) et la Fondation pour la protection des girafes (GCF) ont débuté le transfert d’une vingtaine de girafes de la zone Nord à la zone Sud du parc national de Murchison Falls. Les deux parties du parc sont séparées par le Nil Blanc (appelé aussi Nil victoria), fleuve infranchissable naturellement par ces ongulés.
L’opération (nommé opération Twiga, ça veut dire girafe en swahili), toujours complexe avec ce type de grands mammifères a été financée par la Fondation pour la protection des girafes (GCF). C’est le second transfert, 20 girafes ayant déjà fait le même voyage l’année dernière. (elles se sont très bien acclimatées)
La sous-espèce de girafes déplacée est la girafe de Rothschild (G. c. rothschildi) dont la population, en grand danger, atteint actuellement seulement 1671 individus selon une étude de l’UICN parue en 2016. L’on peut reconnaître cette sous-espèce par son pelage, mais surtout par sa plus grande taille par rapport aux 9 autres sous-espèces de girafes ainsi qu’a ses ossicônes sur son crâne, au nombre de 5 ( 2 ou 3 pour les autres sous-espèces).
Le territoire de cette sous-espèce s’étend sur l’Ouganda et une partie du Kenya. Mais 80% de sa population se trouve uniquement dans la partie Nord du parc national de Murchison Falls. L’on peut néanmoins observer quelques girafes de Rothschild dans le parc National de Kidepo et dans celui de Mburo en Ouganda ainsi que dans les parcs nationaux de Nakuru et Ruma au Kenya.
- Une opération similaire avait eu lieu en 2015 afin de re-stocker en girafes le parc du lac Mburo (15 individus).
Ces opérations font suite à une étude très complète menée par un universitaire américain, Mickael Brown, portant sur la stratégie de conservation de la girafe de Rothschild. (son blog ICI) Ces transferts permettront d’assurer un avenir à cette sous-espèce hors du secteur Nord de Murchison Falls.
Car un nouveau danger guette les girafes de Rothschild. En 2006 l’entreprise Française TOTAL a découvert dans cette zone Nord du pétrole, beaucoup de pétrole…
Le gisement est estimé à près de 6,5 milliards de barils. L’extraction de ce pétrole pourrait représenter dans les années à venir pour l’Ouganda 3 à 9% de son PIB soit plus que le tourisme, d’où un choix cornélien pour le gouvernement. Pour le moment, le prix du pétrole étant bas, l’extraction est faible mais cette situation devrait changer rapidement.
Alors l’UWA et la Fondation pour la protection des girafes s’emploient à déplacer par camion sur les pistes du parc et par ferry sur le Nil Blanc ces magnifiques girafes de Rothschild. Avec ces transferts, c’est à présent une cinquantaine de girafes qui vivent dans la partie Sud du parc de Murchison Falls….
Souhaitons qu’à l’avenir les girafes de Rothschild ne soient pas remplacées par des derricks de TOTAL à Murchison Falls.
Histoire du parc de Murchison Falls.
Le parc de Murchison Falls est situé au nord-ouest de l’Ouganda, à environ 300 km de la capitale Kampala. Sa surface est de 3870 km², en faisant le plus grand parc national du pays. C’est aussi l’une des zones protégées les plus anciennes d’Afrique, sa création remontant à 1926 (déclaré parc national en 1952). Le parc est coupé en deux parties par le Nil Blanc (ou Nil Victoria).
Au centre du parc se trouvent les magnifiques chutes Murchison découvertes par l’explorateur britannique Samuel Baker en 1864 (à la recherche de la source du Nil). Il leur donna ce nom en référence à Roderick Murchison président de la Royal Geographical Society à ce moment là.

Le parc fut pendant longtemps considéré comme un joyau semblable à Masai Mara. Il reçu la visite d’hommes (chasseurs) illustres tel que Winston Churchill, Théodore Roosevelt ou Ernest Hemingway.
Mais à partir des années 1970, la population animale du parc s’effondre en raison du braconnage. Le dictateur Idi Amin Dada changea le nom du parc en Kabarega National Park, mais s’en désintéressa complètement sauf pour s’y fournir en ivoire. La guerre civile et les opérations du groupe rebelle LRA qui suivirent la fuite du dictateur acheva le travail de destruction.
A la fin des années 90, il ne restait dans le parc que 250 éléphants ( contre 15.000 dans les années 60′), un millier de buffles ( contre 26.000) et les lions avaient presque tous disparus. Quant aux rhinocéros ils ont hélas été braconnés jusqu’au dernier.
Ces 20 derniers années, le parc renaît doucement de ses cendres, boosté par des touristes de retour souhaitant voir d’autres merveilles que les gorilles du parc de Bwindi. Aujourd’hui, le parc comprend de nombreuses espèces d’antilopes (notamment des Cobs d’Ouganda), 1500 éléphants, 10.000 buffles, quant aux lions, ils seraient environ 200. Le parc est aussi célèbre pour sa grande variété d’oiseaux (451 espèces répertoriées dont le bec en sabot du Nil) surtout dans les marais bordant le Nil Blanc. L’on peut aussi observer non loin des chimpanzés dans la forêt de Budongo et des rhinocéros blancs dans le sanctuaire de Ziwa, je vous en reparlerai une autre fois…
Enfin, les girafes de Rothschild, sujet de cet article, ont vu leur population dans le parc bondir de 250 à 1250 en 10 ans. Un succès.
Mais tout cela peut être remis en cause par une entreprise française : TOTAL.
BUD PUMBA
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